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17/01/2022 - Celestopol 1922 - La face cachée de la Lune !

Début du 20e siècle, l’Empire Russe, par l’intermédiaire du Duc Nikolaï, s’est approprié le contrôle de la Lune en y installant une ville, Celestopol. Celle-ci attise les convoitises par sa prospérité fondée sur une ressource rare, le selenium, lui permettant de faire fonctionner ses machineries complexes ainsi que les différents automates prisés par le Duc lui-même. Cité d’art en perpétuelle ébullition, à la pointe des avancées scientifiques et architecturales, carrefour important pour les personnalités les plus éminentes de cette époque, Celestopol n’en est pas moins une cité à deux visages, où l’extrême richesse côtoie la triste réalité des habitants des souterrains, où l’on laisse libre cours aux vices les plus sordides, et où les personnages que nous suivons voient leurs rêves se briser.

 

 

C’est dans cet univers uchronique, le temps de l’année 1922, que nous invite l’auteur Emmanuel Chastellière avec ce recueil de 13 nouvelles.

Avant de rentrer dans les détails de l’œuvre en elle-même, il convient de saluer le travail éditorial effectué par l’Homme Sans Nom : la couverture est d’une beauté à couper le souffle, et l’iconographie intérieure du livre est particulièrement réussie.

Si certains ont déjà pu faire une première incursion dans la ville lunaire Celestopol grâce au premier recueil de l’auteur (Celestopol), c’est une semi-découverte pour moi. Semi car j’avais déjà pu avoir un aperçu de l’univers élaboré par l’auteur dans une autre de ses nouvelles, « L’Homme sans rivage », parue dans l’Anthologie de Nouvelles Steampunk volume 1 « Ecologie & Folie Technologique », aux éditions Oneiroi. Dans cette nouvelle, on y découvre un duc Nikolaï désabusé, cherchant à recréer un écosystème marin sur la Lune afin d’y amener des couples de baleines, dans le but de les sauver des chasses sanglantes pratiquées chaque année et alimentant un commerce bien trop lucratif. Cette nouvelle m’avait, au moment de ma lecture, marquée par cette capacité qu’à l’auteur à dépeindre des événements pourtant sordides avec une grande sensibilité, notamment par le biais de personnages ambivalents, tout en nuances.

Passons maintenant à la découverte de Celestopol 2022 qui m’a, autant le dire d’entrée, particulièrement enchanté, et que j’ai avalé en quelques jours seulement.

Le style est percutant, la plume délicate, les personnages attachants ou carrément repoussants, et on se plaît à parcourir les nouvelles les unes après les autres, passant de la pure science-fiction pour les premières à de la véritable fantasy pour la fin du recueil.  Porté par un énorme travail de recherche, on se projette facilement dans cet univers aux sonorités slaves bien qu’on aimerait toujours en savoir un peu plus, tant l’auteur sait distiller les détails avec parcimonie. Aucune nouvelle n’est en retrait, et toutes révèlent leurs parts de surprises avec des fins inattendues.

Voici un petit résumé de ce que vous pourrez trouver dans ce recueil (sans spoiler) :

-        Toungouska : cette première nouvelle a la particularité de ne pas se dérouler sur la Lune puisqu’elle met en scène le duo, Arnrun, une mercenaire nostalgique et impétueuse, et Wojtek, un ancien soldat coincé dans un corps d’ours, en mission sur Terre pour enquêter sur un étrange phénomène survenu quelques temps auparavant. Cette nouvelle permet d’en apprendre un peu plus sur la rivalité grandissante entre l’empire russe et son satellite lunaire. On y trace également les traits de personnalité du duo charismatique, que l’on retrouvera à d’autres moments du recueil.

-        Mon Rossignol : dans cette nouvelle, on découvre une face moins reluisante de Celestopol, où les ouvriers des usines déclenchent un mouvement de lutte sociale afin de dénoncer les conditions leur permettant à peine de subvenir à leurs besoins. On y suit Alissa, qui va tenter de porter leurs revendications au plus haut niveau. Sincèrement touchante, cette nouvelle voit Alissa confronter ses rêves et ses espoirs à l’âpreté de la réalité politique, et elle verra sa vie voler tout doucement en éclats. Une nouvelle brillante !

-        Sur la glace : le récit met ici en scène un patineur renommé, se rendant à Celestopol pour y participer à une grande compétition sportive. Ce texte est une autre preuve de la grande sensibilité avec laquelle l’auteur traite de sujets comme le devoir ou l’amour, deux concepts qui s’opposent farouchement dans la nouvelle. Complètement désabusé, tiraillé entre toutes les forces en présence, le patineur va confier son chagrin à Ajax, le majordome automate du Duc, avec lequel il entretiendra une relation de plus en plus personnelle. On y apprendra également que l’automate est capable de ressentir des émotions.

-        Memento Mori : l’une des nouvelles les plus bouleversantes du recueil où l’on suit le quotidien d’une famille juive, dont le père n’arrive pas à faire le deuil de sa femme partie trop vite. En conflit avec ses deux filles, on assiste au lent déchirement de la famille au fur et à mesure du récit, jusqu’à un dénouement que l’on cherche intérieurement à repousser le plus possible. Une nouvelle profondément triste, marquée du sceau de la violence ordinaire et de la désillusion. Magistrale.

-        Une nuit à l’opéra Romanova : on retrouve notre duo de mercenaires chargé de surveiller le bon déroulement d’une vente aux enchères d’un illustre tour de magie. Rien ne se déroulera comme prévu, et entre course poursuite, illusions et retournements de situation, on se laisse facilement happer dans un récit qui s’aventure du côté de la fantasy.

-        Le correcteur de fortune : ce récit lorgne également du côté de la fantasy, avec un personnage capable d’influer sur la chance des personnes qu’il rencontre. Rien ne se passera évidemment comme prévu. Cette nouvelle met également en scène, longtemps avant notre propre Histoire, le premier duel d’échecs entre le champion du monde humain et une machine créée pour le défier.

-        Katarzyna : le récit dépeint Kasia, une femme membre de l’aéropostale, assurant la liaison entre la Terre et la Lune, ayant perdu son mari quelques mois auparavant. Kasia réunit toutes les caractéristiques d’un personnage profondément humain : on passe d’un sentiment de malaise à son encontre à une grande compassion, on l’aime, on la déteste, bref, elle nous fait passer par tous les états. En quête de son mari disparu, elle embarquera pour une ultime mission en survolant la face sombre de la Lune. Un récit fort au dénouement inattendu.

-        Le revers de la médaille : un texte féministe mettant en scène plusieurs femmes se réunissant au travers d’un club de lecture. L’occasion pour le lecteur de croiser un personnage historique marquant en la personne de Marie Curie. Ces femmes, issues de catégories sociales différentes, sont mues par leur volonté de prendre la place qui leur revient dans la société et de gommer les inégalités sociales qui frappent Celestopol.

-        Un visage dans la cendre : une autre preuve de la capacité de l’auteur à se jouer des genres, puisqu’il s’aventure cette fois-ci dans un registre plus fantastique, en y décrivant des créatures surnaturelles dormant dans les entrailles de la ville. Le personnage principal s’y rend afin de récupérer des chats pour le compte des orphelins de la ville, et il y fera face à de terribles rencontres.

-        La malédiction du pharaon : Howard Carter, archéologue de renom fût un temps, rêve de repartir explorer de nouveaux vestiges. Quand le Duc fait appel à lui pour mettre au jour des ruines mystérieusement apparues sur la Lune, il n’hésite pas et se rend immédiatement sur le site de fouille. Entre délires fiévreux liés à sa maladie, étrangeté de la situation, causée notamment par sa solitude au milieu des automates mis à sa disposition, le personnage sombre doucement dans une folie de plus en plus marquée. Brouillant les frontières du réel et de la temporalité, cette nouvelle nous pousse dans nos retranchements face à ce personnage si fragile balloté parfois violemment par le cours des événements. Une nouvelle qui m’a particulièrement plu.

-        Paint Pastel Princess : un vétéran de guerre est chargé de veiller à la sécurité des automates sexuels appartenant à une maison close renommée de Celestopol. Nous plongeons une nouvelle fois dans les méandres les plus sordides de la ville, avec des personnages prêts à toutes les bassesses pour s’octroyer un moment de plaisir exotique avec l’une de ces poupées de plaisir. On ressent un profond malaise à l’idée de la marchandisation de ces êtres aux traits et comportements si humains. Ce texte profond n’en est pas moins dénué d’action et le personnage principal est de son côté tiraillé par les épreuves qu’il a subi par le passé.

-        La fille de l’hiver : une des dernières nouvelles du recueil, l’une des plus longues, et aussi l’une des plus surnaturelles. La fin d’année se fait sous de fortes chutes de neige perturbant le quotidien des habitants, dans la ville où normalement le climat est contrôlé par les machines. Un personnage sorti tout droit du folklore slave va déambuler dans la ville et côtoyer certains des personnages que nous avons pu croiser dans les autres nouvelles. Il y est question de magie, de remords, de drames familiaux, d’amour… Les personnages vont être mis à rude épreuve, notamment le Duc, dont la relation avec son fidèle majordome va être secouée. Bref, tout y est pour faire de ce récit une pierre angulaire importante du recueil.

-        Danser avec le chaos : la nouvelle s’ouvre en janvier 1923 (est-ce que cela augure d’une suite ?), et met en scène trois jeunes filles cherchant à échapper à leur quotidien difficile au pensionnat de Celestopol, où leur quotidien est rythmé par les brimades et les humiliations. Pour cela, tous les expédients sont bons, et les protagonistes se plongent dans une transe semi-consciente tout au long du récit. Entre rêve et réalité, où s’arrêtent les frontières de leurs esprits ? Un texte qui clôture de façon admirable le recueil.

Le mot de la fin

Pour moi, ce livre est un véritable coup de cœur ! Chaque nouvelle dispose de sa propre marque de fabrique, de son ambiance et aborde de façon différente un pan de l’héroïne principale qu’est au final la ville de Celestopol.

La fin arrive bien trop vite et on aimerait en apprendre encore plus sur les moindres recoins de la ville, l’arpenter en long, en large et en travers, visiter ses monuments tous plus impressionnants les uns que les autres, découvrir les mécanismes complexes qui lui permettent de subsister. Servi par une qualité de narration somptueuse, et par des personnages auxquels on s’attache assez vite, ce livre est une lecture enivrante et addictive.

J’espère que les pas de l’auteur l’amèneront une nouvelle fois à renouer avec la ville qu’il a créé de toutes pièces !

 

 

Pour les intéressés !

C'est disponible en cliquant ici au prix de 21.90 euros.

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