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Pour cette nouvelle revue de lecture, on retrouve avec plaisir l’imaginaire d’Emmanuel Chastellière, un auteur auréolé d’un précédent coup de cœur, et que l’on avait donc hâte de retrouver dans un tout autre univers ! Avant toute chose, on le remercie pour l’envoi de l’ouvrage objet de la présente chronique, dans sa version poche parue chez Folio SF en octobre 2022 (pour les amoureux des grands formats, n’hésitez pas à vous pencher sur la version publiée par Critic en 2020 et disponible ici ).
Avec l’excellent Celestopol 1922, c’est sur la Lune que nous avions pu poser nos pieds de lecteurs curieux et avides de découverte (chronique à retrouver ici), mais ici, d’espace il n’est pas question (quoique, si vous aimez les grands espaces, la suite devrait vous plaire !).
Dans « La Piste des Cendres », Emmanuel Chastellière reprend l’univers développé dans un précédent ouvrage intitulé « L’Empire du Léopard », qu’il n’est absolument pas nécessaire d’avoir lu pour entrer dans l’intrigue (moi-même je ne l’ai pas lu, et cela n’a pas gêné ma compréhension des événements).
Sorte de western fantasy avec ses personnages torturés, ses paysages solitaires et sa violence imprévisible, la Piste des Cendres dépeint une société coloniale en pleine mutation, largement inspirée de la colonisation espagnole au Nouveau-Mexique et dans les régions d’Amérique du Sud. Pour autant, nous ne sommes pas ici en présence d’une fresque historique, et, malgré ses ressemblances avec le Monde connu, c’est bien une œuvre de fantasy que nous livre l’auteur.
Rien ne va plus au Nouveau Coronado !
L’un des points forts de ce roman est le soin qu’apporte l’auteur à créer une société coloniale crédible au bord de la rupture.
La trame scénaristique prend ainsi pour cadre le Nouveau-Coronado, une colonie formée après la chute de l’Empire du Léopard, sorte de royaume rappelant les cultures mayas ou aztèques, complètement rayé de la carte par les conquistadors du Coronado.
Loin d’être apaisé d’un point de vue politique, ce territoire est sujet à des dissensions de plus en plus marquées entre le Sud industrialisé, largement acquis à la cause du colonisateur, et le Nord, abritant des villages indigènes et des colons cherchant à s’émanciper de la tutelle du continent. Des puissances étrangères, notamment le mystérieux Ulster, tirent en outre quelques ficelles dans le but de contribuer au désordre ambiant et tenter d’en profiter par la suite.
Des divergences sociales majeures viennent compléter le tableau, et les aspirations personnelles des différents groupes d’influence favorisent le climat de tension ambiant. D’un côté, les natifs indigènes ne se reconnaissent pas dans la culture que souhaite propager le Coronado, balayant leurs croyances et leur imposant une évolution technologique et religieuse qu’ils ne sont pas prêts à accepter. Reclus dans des villages isolés afin de pouvoir perpétuer leurs traditions, ils se divisent en deux catégories : ceux qui acceptent leur sort avec fatalité, et ceux qui cherchent à quitter ce territoire désolé pour une terre miraculeuse et fantasmée, dont l’emplacement lointain se transmet par tradition orale de générations en générations.
De leur côté, la plupart des colons méprisent ou ignorent ces indigènes soi-disant moins avancés, en font des serviteurs corvéables à souhait, et les privent de la plupart des droits qui permettent une cohabitation sereine dans une société moderne. Pour autant, des enfants sont nés d’unions entre des colons et des indigènes, lesquels ont du mal à trouver leur place dans cette société qui les rejette de toutes parts.
Même entre colons, des divergences se ressentent, avec d’anciens grands propriétaires expropriés par des compagnies pétrolières de plus en plus puissantes, des religieux désabusés tentant de retrouver les traces de la magie perdue de ce territoire, ou encore des étudiants se révoltant contre la mainmise de la capitale, les empêchant de décider par eux-mêmes des évolutions à apporter à la colonie.
Bref, sans jamais tomber dans les clichés éculés du méchant colonisateur face aux peuplades brimées, Emmanuel Chastellière parvient à nous dépeindre une société en crise dont la moindre étincelle pourra entraîner une déflagration globale.
Et cette étincelle va arriver avec l’assassinat du gouverneur du Nouveau-Coronado, précipitant ce territoire dans l’enfer de la guerre civile…
Une intrigue en plusieurs étages
Là où l’auteur excelle dans ce roman, c’est dans sa capacité à tirer les fils de deux intrigues se déroulant à des niveaux différents : l’une, plus intimiste, va se focaliser sur le personnage central d’Azel, en quête de vengeance et peut-être d’identité, tandis que l’autre, plus politique, va nous narrer le point de basculement du Nouveau-Coronado vers son indépendance.
Azel occupe le premier plan dans l’intrigue puisque c’est lui qui va faire la jonction entre les deux mondes qui s’opposent. Fils illégitime d’un riche négociant appartenant à la noblesse du Coronado et d’une mère indigène qu’il n’a que très peu connue, il subit dès son plus jeune âge les brimades de ses frères plus âgés qui vont lui faire payer ses origines métissées. Ayant toute sa jeunesse cherché à obtenir la considération de son père (bien évidemment sans y parvenir) il va développer un esprit farouchement indépendant, réfutant ses origines indigènes et évitant tant que possible le contact avec le reste des habitants du territoire, leur préférant la compagnie de son fidèle loup Apisi. Devenu chasseur de primes et pisteur hors pair, il fera une rencontre malheureuse le conduisant à un véritable drame familial. A partir de cet événement bouleversant, plus rien n’aura de sens pour lui que la vengeance, et sa quête obsessionnelle le conduira à entreprendre un long périple à la recherche de ce qu’il a perdu. Jouant avec la mort et la folie, balloté par les caprices du destin, Azel est un véritable personnage de tragédie, subissant les événements plus qu’en en étant un acteur.
Si Azel fait office de pierre angulaire du récit, d’autres personnages vont également faire avancer l’intrigue. Zuhaitsa tout d’abord, une jeune indigène sauvée par Azel lors de ses pérégrinations, qui tentera par tous les moyens de le raisonner et de le pousser à fuir avec elle vers des horizons moins troublés. Artemis Cortellan ensuite, ancien gouverneur du Nouveau-Coronado, démis de ses fonctions puis rappelé pour faire face à la menace de la guerre civile. Militaire de formation, rusé et grand stratège, c’est par ses yeux que l’on suivra la riposte des forces armées du Coronado face aux rebelles. Ni noir, ni blanc, c’est un personnage dont les motivations sont obscures, mais dont les actions vont avoir un impact considérable sur ce monde en pleine mutation. Enfin, parmi les personnages notables, on citera le journaliste Callider, qui, en véritable correspondant de guerre, tentera de relater la réalité des faits envers et contre la censure dont sont victimes les journalistes.
Attachants à leur manière, avec leurs fêlures et leurs rêves brisés, on souffrira avec eux, et à travers leurs yeux on observera la mutation inéluctable du territoire qu’ils ont passé leur vie à arpenter.
Une puissante déferlante d’émotions
Si on ne devait résumer "La Piste des Cendres" que par un seul attribut, je ne retiendrais que la puissance évocatrice des scènes qui y sont dépeintes. Avec ses plans dignes des plus grandes scènes du cinéma de genre, le lecteur se retrouve embarqué dans un voyage initiatique au travers d’un pays proche de la désolation, doté d’une ambiance assez mélancolique. La magie semble avoir complètement déserté ce territoire (même si des chercheurs et religieux tentent de la faire renaître par des moyens souvent malsains), et bien que le personnage principal pense être hanté par une « fée », on se demande s’il ne s’agit pas plutôt d’une émanation de son esprit malade.
Autant le dire, "la Piste des Cendres" est un récit violent, de cette violence sans commune mesure qui se manifeste de manière totalement imprévisible et cruelle. Violence de la guerre d’abord, avec ses ravages, ses morts, ses peuples déplacés et ses familles divisées. Mais aussi et surtout la violence des sentiments qu’éprouvent les personnages les uns pour les autres, contribuant à les rendre profondément « humains ». La psychologie des différents protagonistes est l’un des aspects les plus convaincants du roman, et a un impact considérable dans l’évolution de l’intrigue.
Tout ceci concourt à servir le propos du récit, qui, malgré son côté fantasy assumé, n’en reste pas moins une œuvre d’une profonde réalité, traitant avec brio du droit des peuples à décider d’eux-mêmes et évoquant la difficile cohabitation de peuples ne partageant pas la même culture ni la même histoire. Sans tomber dans des leçons de moralisme faciles, l’auteur nous invite ici à réfléchir à notre propre Histoire, et pose en silence la difficile question du vivre ensemble dans une société fracturée.
Le mot de la fin
Grace à une plume toujours aussi élégante, et par la grande subtilité dont il fait preuve dans le traitement des événements, Emmanuel Chastellière réussit à nous transporter tout au long des plus de 600 pages composant son récit. C’est une œuvre magistrale et militante, qui montre que la fantasy peut aussi servir un propos plus sérieux derrière le divertissement (on n’en doutait pas, mais l’auteur nous le rappelle avec brio). "La Piste des Cendres" fait partie de ces livres qui, une fois refermés, continuent à se manifester dans un recoin de notre esprit, avec son lot de questions et de réflexions.
Avec la Piste des Cendres, c’est un nouveau coup de cœur pour une œuvre d’Emmanuel Chastellière, confortant une fois encore l’auteur comme l’une des plumes majeures de la scène SFFF française. A découvrir absolument !
Pour les intéressés !
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David pour l'Antre !
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